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Décryptage 11 décembre 2025

Pilotage augmenté : l’IA et la business intelligence au service de l’humain

Vos managers passent des journées entières à compiler des données au lieu d'analyser et de décider. Et si l'IA et la business intelligence leur offraient un "exosquelette" pour se recentrer sur l'essentiel : l'intelligence stratégique ? Read More

Le constat est édifiant : selon une enquête Anaconda menée auprès de 2 400 professionnels de la data, 45% du temps est consacré à la préparation et au nettoyage des données, dont plus d’un quart uniquement dédié à détecter et corriger les anomalies. Or, cette étude date de 2020 et depuis, l’usage de la donnée s’est développé de manière exponentielle ! Plus largement, l’Anatomy of Work Global Index 2023 d’Asana, qui a interrogé plus de 9 600 travailleurs du savoir dans six pays, révèle que 58% de la journée est encore consacrée à la coordination plutôt qu’au travail qualifié.

Cette réalité touche particulièrement les managers. Combien d’heures perdues chaque semaine à consolider manuellement des tableaux Excel, à compiler des reportings, à croiser des sources de données disparates ? Le paradoxe est frappant : nous croulons sous les données, mais manquons cruellement de temps pour les interpréter et en tirer des décisions éclairées.

La vraie perte n’est pas seulement temporelle. C’est l’énergie créatrice, vampirisée par l’énergie collectrice. Quand un manager a passé sa journée sur sa feuille Excel, il est déjà épuisé. Toute sa capacité d’analyse fine, de vision stratégique et d’intelligence émotionnelle s’est évaporée dans des tâches répétitives à faible valeur ajoutée.

 

IA et Business Intelligence : libérer l’analyse en automatisant la collecte

Face à ce constat, une nouvelle approche émerge : celle de l’intelligence augmentée. Non pas remplacer l’humain, mais lui offrir un « exosquelette » technologique qui décuple ses capacités. « Nous parlons d’offrir de véritables super-pouvoirs aux collaborateurs », souligne Gwenaël Rigolé, CEO de SAM, qui compare ces outils à un exosquelette permettant d’augmenter la puissance d’action des managers. Le principe fondamental est simple : la business intelligence consolide automatiquement les données multi-sources, l’IA pré-analyse, dégage les tendances et génère des synthèses. La règle d’or : l’IA collecte et structure, l’humain analyse et décide.

Concrètement, les outils de business intelligence permettent aujourd’hui de récupérer automatiquement des données de multiples systèmes, de les croiser et de les visualiser en temps réel. L’IA générative, quant à elle, peut transformer un rapport de 200 pages en synthèse opérationnelle en quelques minutes, identifier les signaux faibles dans des masses de données, ou générer des scénarios de projection.

En France, cette transformation s’accélère : 10% des entreprises utilisent déjà l’IA selon l’Insee (contre 6% en 2023), et 83% en font une priorité stratégique. L’IA générative pourrait augmenter la productivité de 33% en moyenne dans l’Hexagone.

L’objectif ? Réduire drastiquement les efforts de collecte pour concentrer toute l’énergie sur l’analyse fine et subtile qu’un être humain peut faire. « Cela permet d’accélérer considérablement les processus de découverte », souligne Gwenaël Rigolé. « Sortir une étude, analyser un concurrent : ce qui prenait des heures se fait désormais en quelques minutes. » Donner aux managers les capacités de traiter en 10 minutes ce qui leur prenait une journée entière, pour se recentrer sur ce qui fait leur vraie valeur : contextualiser, interpréter, décider.

 

Les conditions de réussite : l’intelligence humaine aux commandes

Cette révolution ne s’improvise pas. Car si l’IA offre des possibilités extraordinaires, elle comporte aussi des risques réels qu’il faut anticiper.

Former et responsabiliser

Première condition : traiter l’IA comme une compétence à développer, pas comme un outil magique. Il ne suffit pas de déployer des outils pour transformer le pilotage. Selon une étude IBM, 45% des entreprises restent bloquées dans des phases d’exploration, faute de compétences adéquates et de cas d’usage bien définis.

Les managers doivent comprendre à la fois les possibilités ET les limites de ces technologies. Comment définir le périmètre de ce que l’IA peut automatiser ? Où intervient obligatoirement le jugement humain ? Comment formuler les bonnes questions pour obtenir les réponses pertinentes ?

 

Toujours vérifier, ne jamais reproduire aveuglément

L’IA peut se tromper, et parfois de manière spectaculaire. Le cas récent de Deloitte en Australie l’illustre parfaitement : en octobre 2024, le cabinet de conseil a dû réviser un rapport de 440 000 dollars australiens commandé par le gouvernement, après qu’un professeur de droit ait découvert des références académiques inventées, des citations de juges fabriquées et des jurisprudences inexistantes. L’IA avait « halluciné » des sources qui semblaient parfaitement crédibles. Comme le soulignait alors une sénatrice australienne, ces erreurs sont « du niveau d’un étudiant de première année ». La conclusion ? L’humain doit TOUJOURS garder la main sur la validation et l’interprétation. « La vraie puissance de l’IA réside dans l’intelligence humaine qui l’active », insiste Gwenaël Rigolé. C’est là que réside le véritable levier : non pas dans la capacité autonome de l’IA, mais dans l’intelligence humaine qui la contrôle et l’oriente.

 

Recentrer l’humain sur sa valeur ajoutée

In fine, le pilotage augmenté redéfinit les rôles : l’IA collecte et calcule, l’humain contextualise, interprète et décide. « L’intelligence émotionnelle, le sens politique, la vision stratégique restent humains », rappelle Gwenaël Rigolé. La capacité à manager dans l’incertitude, à créer du sens, à embarquer les équipes : tout cela demeure l’apanage de l’être humain. Dans un monde où 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore selon une étude Dell et l’Institut pour le Futur, cette transformation du pilotage n’est pas optionnelle. C’est un impératif stratégique pour les organisations qui veulent rester compétitives.

 

ATELIER IA – Imaginez votre pilotage idéal

L’exercice

Interrogez une IA générative avec cette question personnalisée :

« Je dirige une entreprise de [votre secteur] avec [X] collaborateurs. Actuellement, mes équipes passent [X heures/jours] par semaine à collecter et compiler des données pour le pilotage. Comment pourrais-je réorganiser mon système de pilotage pour automatiser la collecte et recentrer mes managers sur l’analyse stratégique ? »

Questions complémentaires à poser à l’IA :

  • Quels indicateurs clés suivre en priorité dans mon secteur ?
  • Quels outils de Business Intelligence seraient adaptés à ma taille d’entreprise ?
  • Comment structurer mon reporting pour gagner en agilité ?
  • Quels sont les pièges à éviter dans l’automatisation du pilotage ?

Principe de l’exercice : L’IA vous aide à projeter le fonctionnement idéal. À vous ensuite d’adapter cette vision à votre réalité opérationnelle et de construire progressivement votre pilotage augmenté. N’oubliez pas : l’IA propose, mais c’est vous qui disposez. 

Besoin d’accompagnement pour transformer votre pilotage ? Échangeons ensemble sur vos enjeux spécifiques et identifions les leviers d’action adaptés à votre organisation.